Je ne sais pas vraiment ce que je fous ici.
Ils m'en ont jeté des pierres au cul. J'ai couru vite sans me retourner. Ils couraient plus vite encore, criaient si fort que je ne m'entendais plus suffoquer. Jusqu'à ce moment.
Ils ont déchiré mes vêtements. Ils ont rasé mes cheveux. Ils ont pris soin de défaire les lacets de mes chaussures, comme aux
con(s)- damnés des plus atroces prisons. Ils n'ont pas oublié de m'attacher les mains dans le dos pour que je puisse écouter attentivement ce qu'ils avaient à me dire.
"Libère- nous.
"Libère- nous, je t'en prie"
Ils étaient aussi ligotés, aussi effrayés que moi. Enfermés dans un corps qui n'était pas le leur.
Ils étaient presque morts, eux aussi.
© Elisa Routa
J'ai déchiré leurs vêtements. j'ai rasé leur crâne. J'ai pris leur lacets pour attacher nos poignets. Ensemble.
On était alors prisonniers de nos propres corps. Comme le reste du monde. Comme depuis la Création. Ne manquait plus qu'une pomme et on refaisait le Monde.
C'est comme ça que je suis née, la deuxième fois.
C'est comme ça que j'ai compris que même nu(e), on peut se sentir plus fort quand on sait qui on est.
Salinas- January 11'